Histoire du Monopoly
L'histoire du Monopoly racontée ci-dessous est celle proposé par Hasbro sur son site il y a quelques années :
Il y en a eu des fortunes, brillamment amassées à ce jeu puis perdues en quelques heures ! Il a conduit des personnes en prison, ou les a forcées à la faillite, avec comme seule issue de rendre tout leur patrimoine jusqu'au dernier centime à ces messieurs les créanciers. D'autres se sont connus en y jouant, sont parfois même tombés amoureux, puis se sont mariés. Et qui sait combien de disputes il a fait éclater ?
" Il " c'est bien sûr Monopoly, le plus célèbre des jeux de société dans le monde, distribué en France par Hasbro SAS.
Qui peut dire ignorer d'où viennent ces expressions familières : " Passez par la case Départ, recevez 200 Euros " ? Et où d'autre que dans un jeu Monopoly, le fait d'aller en prison peut-il constituer le moyen tant espéré d'échapper à d'exorbitants loyers.
Depuis son lancement sur le marché américain en 1935, plus de 200 millions de jeux Monopoly ont été vendus dans le monde et le nombre de joueurs est estimé à 500 millions de personnes.
Monopoly est le jeu qui se prête à toute une série d'événements bizarres. À lui seul c'est un sport à part entière et comme tout sport de compétition, il a sa part de risques physiques, comparables à ceux d'un tennisman qui couve des tendinites ou d'un coureur de fond qui a mal aux pieds. Le syndrôme du genou du malade est le syndrôme de Monopoly. Il n'apparaît, en effet, qu'après de nombreuses parties de 4 heures, durant lesquelles on croise et on décroise les jambes. De nombreux joueurs ne se contentent pas d'acheter et vendre, de brasser des affaires dans le confort de leur salon. Pour des raisons encore inexpliquées, certains fans de Monopoly, préfèrent jouer dans des lieux incongrus comme leur salle de bains, leur ascenseur, leur sous-sol, sous l'eau et même sur des poutres !
Le record de la partie la plus longue disputée dans un ascenseur est de 16 jours et dans une salle de bain, de 99 heures. La partie la plus insolite, au plafond, a duré 36 heures. Et le record de la partie la plus longue est de 1 680 heures ou 70 jours entiers sans discontinuer.
Au commencement...
En 1929, alors que l'Amérique tentait vainement d'émerger d'une crise économique et sociale sans précédent, Charles Darrow décida d'inventer un nouveau jeu, non seulement pour y jouer avec ses amis, mais aussi pour en tirer un bon prix s'il réussissait à le vendre. Nul ne sait pour quelle raison il décida de créer un jeu inspiré de l'urbanisme. Lui-même ne s'en souvenait plus quelques années après.
Les matériaux qu'il utilisa pour réaliser son prototype de Monopoly provenaient de ce qu'il avait à portée de main. Pour fabriquer le plateau de jeu, il utilisa la toile cirée qui recouvrait une table. Les maisons et les hôtels furent fabriqués à l'aide de morceaux de bois. Les cartes de propriété et autres étaient rédigées à la main. On dit aussi que les pions n'étaient autres que les pièces d'un bracelet de sa femme.
Les premières parties du jeu ont donc été disputées avec ce prototype. On commençait à dire, en ce temps là, que Monopoly était un jeu de plateau. Dans les mois qui suivirent, les voisins de Charles Darrow lui demandèrent de confectionner d'autres jeux, afin qu'ils puissent jouer avec leur famille. Et comme la demande ne cessait d'augmenter, Darrow, se rendant compte qu'il ne pouvait plus y satisfaire, fit appel à un ami imprimeur pour la fabrication du plateau. Il put ainsi multiplier sa production quotidienne de jeux par six. Chacun d'eux fut vendu environ 2,5 Euros. Mais la demande continua d'augmenter et Darrow se vit dans l'obligation de sous-traiter la totalité de l'impression et de la confection de la boîte.
En plus de la vente à ses amis, connaissances et voisins, Darrow vendit quelques jeux à certains grands magasins de Philadelphie, les établissements John Wanamaker étant les premiers à mettre Monopoly en rayon dans cette ville, en 1934. Lorsque les commandes commencèrent à représenter des volumes très importants, Darrow s'est trouvé confronté à un choix difficile : monter lui-même sa propre affaire de fabrication et de commercialisation de Monopoly sur une échelle bien plus grande, ou vendre son concept à une société de jeux déjà implantée, en échange de droits perçus sur chaque jeu vendu.
Ne souhaitant prendre aucun risque financier, il décida, au cours de l'année 1934, de contacter la société Parker Brothers. Il s'agissait du plus grand fabriquant de jeux de société des États-Unis. Mais à l'issue du premier test, les dirigeants de cette entreprise conclurent que le jeu ne valait pas la peine. Raisons invoquées : des parties trop longues, des règles trop complexes, de plus les joueurs ne cessaient de parcourir le plateau sans aucun but précis à atteindre. On lui dit également que le jeu comportait 52 erreurs fondamentales. Darrow décida alors de commercialiser lui-même son jeu et il ne lui fallut que quelques mois pour prouver la popularité de Monopoly.
Lorsque les chiffres de ventes impressionnants de Monopoly furent connus de Parker Brothers en 1935, la société revint sur sa décision et en acheta les droits.
Le jeu Monopoly s'avéra un phénomène commercial tel que Parker Brothers n'en avait jamais connu auparavant. Les ventes du jeu grimpèrent en flèche et à la mi-février, la société devait en fabriquer 20 000 unités par semaine. Pour Noël, elle reçut un tel nombre de commandes télégraphiées qu'on dût les entasser dans d'énormes paniers à linge et les mettre de côté. Face à la masse croissante des commandes, Parker Brothers fit appel à un cabinet comptable pour se faire aider dans les tâches administratives. Les dirigeants de ce dernier jetèrent un coup d'oil au travail demandé et refusèrent la mission, quelle que soit la somme qu'on leur offrait !
Malgré l'accueil positif et enthousiaste réservé à ce nouveau jeu, Parker Brothers ne voyait en Monopoly qu'un simple jeu pour adultes, qui ne se vendrait bien que pendant trois ans. Il était certainement trop compliqué pour des enfants. Et comme l'entreprise le pré-disait, les ventes commencèrent à se stabiliser.
Le 19 décembre 1936, George Parker donna l'ordre de " cesser complètement toute production de plateau et de boîtes de jeux ; nous arrêterons la fabrication de Monopoly dans l'hypothèse d'une très rapide baisse des ventes. " Mais peu après, les ventes reprirent soudainement leur croissance et la spirale redémarra de plus belle. Les parents avaient appris aux enfants comment jouer à Monopoly et le bouche à oreille en fit le plus populaire des jeux de transactions.
La popularité de Monopoly dépassa bientôt les frontières des États-Unis et il est maintenant vendu dans plus de 80 pays différents. Il est édité en 26 langues, dont le français, l'afrikaans, l'espagnol, l'allemand, le néerlandais, le catalan, le suédois, le finnois, l'hindi, le norvégien, le grec, le portugais, le japonais, le chinois, l'arabe, le danois et l'anglais. En règle générale, ce sont la monnaie du pays et ses lieux les plus connus qui y figurent.
Monopoly en Europe et en France
Hasbro a vendu environ 13 millions de jeux depuis sa création en France.
Parker Brothers envoya un exemplaire du jeu à Waddingtons, première société à le fabriquer au Royaume-Uni, dès 1935. La société John Waddingtons Limited avait commencé son activité dans l'impression de panneaux pour le théâtre. Elle s'était diversifiée dans la fabrication de boîtes et avait même une minuscule cellule de cartes à jouer. La société s'était lancée dans la fabrication de Lexicon l'année précédente et en avait expédié un exemplaire à la société Parker Brothers en vue de lui confier la fabrication sous licence aux États-Unis. Il fut tout à fait naturel pour Parker Brothers de lui renvoyer la balle avec le jeu Monopoly.
Un vendredi soir, le directeur de Waddingtons, Victor Watson senior, apporta le jeu à son fils Norman, qui dirigeait la division cartes à jouer, avec cette injonction : " Regarde ça attentivement et dis-moi ce que tu en penses. " Norman Watson se souvient et nous raconte : " Je me suis lancé dans une partie de jeu imaginaire contre moi-même, qui a occupé mes soirées du vendredi, du samedi et du dimanche. J'étais exalté et captivé à la fois. Je n'avais jamais vu de jeu aussi absorbant ! C'est donc chez moi que Monopoly fut testé en Angleterre pour la première fois ! J'étais si transporté que le lundi matin, je persuadai mon père d'appeler Parker Brothers.
Aujourd'hui les coups de fil outre-Atlantique sont tout ce qu'il y a de plus banal, mais à cette époque, ce fut le tout premier appel téléphonique de ce genre effectué par Waddingtons et on m'a dit que ce fut le tout premier reçu chez Parker Brothers depuis l'Europe, de sorte que ce fut un événement de part et d'autre de l'Atlantique."
Avant de lancer la production de Monopoly, Waddingtons se rendit compte que le jeu aurait plus de succès si les noms de rues d'Atlantic City (figurant sur la version américaine) étaient remplacés. Victor Watson demanda à sa secrétaire, Marjory Phillips, d'établir une liste de lieux anglais. La version britannique opta donc pour des noms de lieu londoniens, des gares à la place des chemins de fer, des livres à la place des dollars et bien sûr les cartes furent elles aussi modifiées en conséquence.
Le seul pub, The Angel, dans le quartier d'Islington, est celui où Marjory déjeuna le jour où elle fit une partie de Monopoly.
Waddingtons continua à fabriquer Monopoly, sauf durant une brève interruption pendant la seconde Guerre Mondiale. Et même à ce moment là Monopoly ne manqua pas de jouer son rôle. Le Ministère de la guerre demanda à Waddingtons de produire des jeux qui, " si on les utilise efficacement, aideront les prisonniers de guerre ". La société prit ainsi très vite conscience du sens profond de cette " utilisation efficace ". Un département secret fut créé au siège de la société, auquel n'appartenaient que les employés les plus dignes de confiance. Il s'agissait de fabriquer des jeux de Monopoly en dissimulant dans les plateaux des cartes sur soie indiquant les itinéraires idoines pour s'échapper du camp de prisonniers où chaque exemplaire du jeu allait être expédié.
Dans l'autre face du plateau, on insérait une minuscule boussole ainsi que plusieurs limes. À la place des billets de banque Monopoly, on mettait des billets du pays, Allemagne, Autriche ou Italie, où l'on envoyait le jeu, ce qui donnait un sens nouveau à la phrase : " Vous êtes libéré de prison ".
Au fil des ans, le jeu de Monopoly n'a que très peu changé. Il connut une légère rénovation en 1972, quand les maisons et les hôtels ont bénéficié d'une nouvelle présentation, tout comme les pions Cuirassé et Voiture de course. La taille de tous les pions fut augmentée de moitié. Les cartes de propriété et les dés ont eux aussi été agrandis. Véritable innovation, les billets furent désormais imprimés des deux côtés afin de mieux ressembler à de l'argent réel. Toutes ces altérations restaient mineures, le plateau et la boîte demeurant inchangés.
En 1989, le jeu de Monopoly connut un second lancement, revenant à l'esprit des origines avec M. Monopoly sur le couvercle du boîtier et sur le plateau. La même année, ce jeu capitaliste par excellence connut sa première version russe : des plans furent élaborés pour qu'il soit fabriqué en Russie, pays qui l'avait autrefois interdit.
En 1990, on a créé un Leeds Monopoly pour une opération caritative et ce fut la première fois qu'une cité britannique autre que Londres eut l'honneur de figurer sur le jeu.
En 1992, on a lancé une version européenne, où trois célèbres artères londoniennes (Park Lane, Piccadilly Street et Oxford Street) représentaient le Royaume-Uni au sein des pays membres de l'Union européenne.
En 1995, le Monopoly a célébré son soixantième anniversaire avec, à l'hôtel Park Lane de Londres, une fête aux invités prestigieux et une grande vente de charité. À cette occasion fut présentée une édition limitée commémorative du plateau de Monopoly.